Il y a deux jours, mes meilleurs amis nous annoncent qu'ils attendent un enfant.
Déjà au travail, fin juin, j'ai fait la connaissance d'une collègue enceinte. Et déjà entendre parler grossesse à tout bout de champs me mêlait de plaisir et de coup de blues.
Là lui a 26 ans (mon âge), est prof des écoles, nous sommes allés au lycée ensemble et on se connait maintenant depuis bientôt dix ans.
Elle a 30 ans, est employée de mairie et on se connait depuis presque neuf ans.
Ils nous avaient prévenus qu'après leur mariage (fin juin, déjà un évènement en soit) ils essaieraient d'avoir un enfant. Et il y a deux jours le verdict est tombé : elle est enceinte.
Ils ont toujours été une sorte d'ovni pour moi : constamment en train de s'engueuler pour un oui pour un non et pourtant tellement complices, passionnés tous les deux pour les mêmes causes, un amour ultra pudique toujours sous couvert de vannes et de "naaan mais le romantisme ça pue! allez nono bouge ton cul et sers nous à boire!". Je peux surement compter le nombre de fois où ils se sont embrassés devant toute la bande sur les doigts des deux mains en dix ans. Les manifestations d'amour sur les doigts d'une.
Et pourtant ils construisent leur vie de manière sure et constante. Leurs études et leurs métiers, une mise en ménage, des animaux, une maison achetée, un mariage passé et maintenant un enfant en route.
Je ne cherche pas forcément à reproduire ce genre de schéma mais force est de constater que ce qu'ils entreprennent, ils le réussissent haut la main!
Et quand la nouvelle du bébé est tombé, un mélange de bonheur immense et d'intense solitude m'est tombé sur la gueule à ce moment précis. D'autant plus car ma copine n'était pas présente à ce moment là.
Ca m'a renvoyé direct au fait que je ne pourrai jamais être père de manière biologique. Moi quand je pense paternité je vois les docteurs, les examens, les prélèvements, le fric que ça va nous coûter etc. Je vois les essais souvent répétitifs avant de réussir à avoir une grossesse qui tienne la route. Je vois le coté tellement "fabriqué et factice" de la conception. Rien de magique, rien de romantique. Ca a un coté très niais et très mielleux mais je sens que ça va vraiment me manquer tout ça.
Ca me décourage par avance. Et ça me tue de me dire que mon ADN ne fera pas parti de ce futur gosse. Qu'il ou elle n'aura jamais mon nez, mes cheveux (j'en entends certains d'ici dire : et heureusement! xD) ou mon sens inné de la désorientation ...
Et j'ai peur que tout ceci flanque la trouille ou décourage par avance ma copine. Déjà qu'elle se coltine un trans alors si en plus elle doit passer par le corps médical pour avoir un enfant ... Pour le moment elle n'en souhaite pas encore, mais j'appréhende un peu le futur vis à vis de ça.
Ca me fout en rogne de ne pas réussir à simplement voir le bon coté de la nouvelle, de tout simplement me réjouir pour eux. Il n'y a aucune jalousie mais une grande tristesse qui côtoie le bonheur que j'éprouve pour eux.
Et je sais que ces 8 prochains mois risquent d'être assez éprouvant pour mon moral =/
Je lis de temps à autre ton blog.
RépondreSupprimerMon dieu!!! comme ton post fait écho à tout ce que je ressens.je suis incapable de transitionner parce que je veux des enfants et que mon amie ne veux plus en porter.
De l'autre je pense que je serais en profonde détresse de porter un enfant pour qui je ne saurai pas être une mère. Et quand bien même je le ferais...pourrais-je transitionner avec un enfant en bas âge.
Je pense comprendre plutôt bien ce que tu ressens et je t'admire d'avoir su vivre ce que tu es en encaissant les sacrifices qui en découlent.
Je te souhaite de trouver une certaine paix intérieur pendant les huit mois à venir.
Au plaisir nounours en slip!
pojans.
Comme je te comprends très cher... La question s'est de nouveau posée avec sauvagerie quand j'ai planifié mon hystérectomie. Cette planification est arrivée au moment où ma nièce est née, et quand je l'ai serrée, tout petit bébé, dans mes bras, j'ai pleuré, car j'ai su que jamais je n'aurais un enfant de mon sang.
RépondreSupprimerPourtant, je ne souhaite pas particulièrement en avoir, mais je trouve cruelle cette impossibilité d'avoir le choix. Cette naissance s'est donc teintée d'amertume. Quand moi je préparais mon opération, ma belle-sœur s'apprêtait à donner la vie.
De base, j'avais peu de chance de pouvoir avoir un enfant, j'aurais dû passer par la fiv étant donné mes soucis de santé. Quelque part, je suis heureux de ne pas léguer ça à un enfant, qu'il n'ai pas à galérer comme moi je galère avec ma maladie génétique. Ça me console un peu quelque part, et heureusement, mes neveux sont là.
Bizarrement, c'est à la naissance de la quatrième, la seule fille, que cette immense mélancolie m'a mangé le cœur. Je pense que je porterai ce poids longtemps, ou encore que j'irai voir un psy pour m'aider, car là, je n'ai aucune piste pour apprendre à accepter cette réalité, aussi paradoxale qu'elle puisse être puisque je ne veux pas d'enfant.
Enfin bref, je raconte ma vie, là, ce n'était pas le but. Je souhaitais juste manifester un peu d'empathie en te montrant que tu n'es pas le seul à ressentir ce genre de choses, malheureusement.
Salut,
RépondreSupprimerJe viens de lire tout ton blog, oui oui oui, du début à la fin ! Et ouah je suis en admiration total sur ton parcours ! On voit bien que le questionnement et le cheminement pour en arriver jusque là n'a pas été facile pour toi et je suis bien content aujourd'hui de voir que tu as l'air bien dans ta peau. :) Alors un grand bravo vraiment ! Et je te souhaite d'être heureux encore pour toute la vie, de fonder la famille dont tu rêves avec ta chérie et d'être tout simplement épanoui :). Et si tu pouvais refaire un article pour qu'on puisse voir où tu en es aujourd'hui, si tu as le CEC, fait l'hyste ou envisage une opération génitale ? :) Enfin bref encore félicitation et j'espère que fout va bien !
Signé Gaëtan, un ftm débutant et admiratif :) !